Valérie Mousnier, la vie après la vie

Au coin du zinc, la confession se noie dans des envolées riches de sens et de passion. Telle la couturière dont elle admire tant l’art et la gestuelle, Valérie MOUSNIER se pique volontiers au jeu de l’avancée cadencée. Sa jeunesse angoumoisine ? Survolée. D’autres fleurs éducatives sont à butiner. Cette « montée » vers Poitiers, bac B en poche. Ce Deug de sciences éco épinglé au seuil des années 90. Cet IAE rapidement intégré et tout aussi vite révélateur d’un avenir tracé en entreprise. « Je m’y voyais déjà », sourit-elle. Sa préférence va aux cours de marketing. Un stage de f in d’études lui ouvre les portes d’un centre de rééducation fonctionnelle et d’une première expérience dans le monde de la formation, avec une carte à définir, une méthode à trouver, des programmes à concevoir… Le pli est pris. Au Futuroscope, puis à France Télécom et, enfin, au siège parisien du Groupement des Mousquetaires, où elle accompagne les plans de formation des futurs chefs d’entreprise, la jeune femme arpège les gammes d’un apprentissage express.

Une pause pour un projet

Au virage des années 2000, son compagnon achève ses études de médecine à Poitiers. La Vienne lui fait de nouveau les yeux doux. Retour au bercail. Pause salvatrice. « En fait, elle n’a pas duré longtemps. Car j’ai eu la chance de croiser la route de Francis DUMASDELAGE. » Séduite par ses valeurs de partage, d’attention aux autres, de respect…, Valérie le rejoint au sein du groupe AFC. Responsable de formation, responsable pédagogique, responsable de site(s), puis directrice associée,… elle va contribuer à faire croître l’entreprise au-delà de bien des espérances. « Management, développement commercial, ingénierie… J’ai appris sur tout. C’était passionnant et d‘une richesse infinie. » Passionnant mais d’une durée limitée, aussi... En 2021, la stratégie de développement de l’AFC s’appuie sur la décision de s’adosser à un groupe national. Le duo vend au groupe TALIS. « Je suis restée un an et demi pour assurer la transition. Mais la flamme n’y était plus. Je ne voulais pas devenir le frein de ma propre entreprise. En octobre 2023, je suis partie. »

“Le pari était fou, mais c’est justement parce qu’il l’était qu’il m’a tant séduite.”

A la table de l’introspection, le chocolat n’est plus chaud depuis longtemps. Pour Valérie, une première pause s’impose. Nécessaire. Comme hier. A la croisée de ses chemins de vie. « Avec mon départ d’AFC, je tournais le dos à vingt-trois ans au service d’un seul et même projet. Il m’a fallu trois mois pour m’en dessiner un autre. Mais pour être honnête, j’ai adoré cette période où je n’ai rien fait. » Sur la page blanche, le  « projet-du-reste-de-sa-vie » se mue en profession de foi.  « J’ai commencé par mettre de côté ce que je n’étais plus prête à faire et à écrire en gros les valeurs que j’aimerais défendre. L’artisanat, l’humain, le collectif, le créatif… Là encore, j’ai eu la chance qu’une opportunité se présente rapidement à moi. Je l’ai saisie au vol. » Cette opportunité, c’est Davy HUGUET, entrepreneur rochelais jusqu’alors spécialiste des énergies renouvelables, qui la lui offre. « Pendant trois ans, au Centre des Jeunes Dirigeants, nous avions partagé le même parcours de formation « Dirigeant-Entrepreneur ». En janvier 2024, il m’a dit que l’entreprise Indiscrète cherchait un repreneur. J’ai vite compris qu’elle cochait toutes les cases ou presque. » La rencontre des couturières de la PME chauvinoise finit de la convaincre. Nous sommes en mars 2024. L’ancienne formatrice prend les rênes d’un atelier de confection de lingerie et maillots de bain. « Le pari était fou, mais c’est justement parce qu’il l’était qu’il m’a tant séduite et me séduit encore. »

Au royaume du beau

Près d’un an s’est écoulé et la nouvelle patronne, 52 printemps joliment portés, semble plus épanouie que jamais. « Je me sens bien où je suis. Avec la semaine de quatre jours, que j’expérimente, j’ai trouvé un certain équilibre entre travail et vie personnelle, avec mon compagnon et mes deux enfants. J’ai le sentiment d’avoir plus de temps à moi, alors même que je donne beaucoup à l’entreprise. Sans doute me sens-je plus en paix, tout simplement. » En paix et « dans son monde » au milieu de « petites mains » qu’elle couve de ses attentions « Dès notre première rencontre, j’ai pu mesurer leur sensibilité, la force de leur engagement. Quand je les observe, je suis émerveillée. Elles sont belles à regarder. Et moi, j’aime le beau. » Si Valérie et Davy se sont eux-mêmes formés, un tant soit peu, à l’art de « piquer », ils savent l’un et l’autre qu’ils ne seront jamais couturiers. Leur regard et leur expérience de dirigeants sont et seront encore dans le futur leurs atouts maîtres pour permette aux Ateliers L. et à la nouvelle marque -son nom devrait être connu en début d’année- de devenir des références dans l’univers de la lingerie féminine. « Nous sortirons notre première collection printemps-été en 2025, prévient la boss, et travaillons actuellement sur la stratégie de marque et l’élaboration de notre site e-commerce sur lequel nous commercialiserons l’essentiel de nos productions premium. » Le luxe accessible par Valérie M. ? C’est pour bientôt. C’est pour demain !

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