Les entreprises à l’heure de l’IA ?

Les entreprises à l’heure de l’IA ?

Elle est sur toutes les lèvres, dans tous les esprits. Au travail comme à la maison, l’Intelligence Artificielle fait débat, questionne, étonne, inquiète… Mais à quoi l’IA sert-elle ? Est-elle l’avenir de l’Homme, de l’employé, du patron ? Doit-on en avoir peur ou au contraire tenter de l’apprivoiser pour mieux avancer ? Éléments de réponses…

Un concept en mouvement

Le XIXe siècle a eu sa révolution industrielle, le XXIe a déjà fait sa mue numérique. Fer de lance de cette croisade contre l’immobilisme, l’intelligence artificielle. Un vaste concept scientifique vulgarisé, il y a une quinzaine d’années, par l’émergence des logiciels d’apprentissage automatique, mais né bien avant cela. Au milieu des années 50, s’accordent à préciser historiens et économistes. C’est au mathématicien et ingénieur américain John McCarthy qu’a en effet été attribuée, en 1956, la paternité de l’expression « intelligence artificielle » et de cette définition universelle de « science et ingénierie de la fabrication de machines intelligentes ». Autrement dit de systèmes capables de réaliser des tâches d’ordinaire effectuées par l’Homme.

Une aide à la décision…

Qu’on se le dise, l’intelligence artificielle est partout présente dans notre quotidien. En particulier dans celui des entreprises, qui ont tout à gagner d’une utilisation ciblée et réfléchie de la « machine » pour progresser sur la voie de l’efficience et de la compétitivité. « Quelle que soit leur activité et quelles que soient, parfois aussi, leurs réticences, tous les dirigeants du monde ont été ou seront un jour confrontés à l’IA, prévient Léo AUBOUIN, dirigeant de Leio, consultant en stratégie digitale auprès des entreprises. Ne serait-ce que pour de la gestion de tâches répétitives et souvent rébarbatives, l’aide potentiellement apportée par l’intelligence artificielle est évidente. Il ne faut surtout pas la négliger. » L’utilisation de l’IA en milieu professionnel porte effectivement, dans une majorité des cas, sur la réalisation de tâches à faible valeur ajoutée, sur de la gestion administrative, de données ou de ressources, ou encore de l’aide à la décision. Il n’en reste pas moins que de nombreux secteurs « de pointe », tels que la médecine, la recherche scientifique, la finance, pour la détection de fraudes, ou encore le milieu bancaire, pour l’attribution de prêts, et les assurances, sont également de gros consommateurs d’IA. Mais dans des versions autrement élaborées que de la simple gestion de données ou du traitement de texte.

… et au recrutement

Largement utilisée, en matière de recrutement, pour le repérage des talents et l’affinage des choix des entreprises qui embauchent, l’IA est souvent amenée à remplir un rôle d’assistant dans la réalisation de tâches intellectuelles pour lesquelles des salariés ou employés n’ont pas toute l’expérience et les compétences requises. Il est désormais reconnu que les entreprises utilisatrices d’outils capables de tirer ces collaborateurs « vers le haut » sont les plus à même d’attirer et de fidéliser les talents.

« Un outil, rien d’autre ! »

Lorsqu’une entreprise accepte de recourir à l’intelligence artificielle, elle doit le faire en connaissance de cause. Sans a priori mais après avoir consenti à se documenter sur les potentialités offertes par telle ou telle application, tel ou tel système. Vient ensuite le temps de la sensibilisation des équipes à l’usage de ces outils. « Car l’IA n’est qu’un outil, insiste Léo AUBOUIN. Il faut la considérer comme tel et ne pas chercher à l’imposer à ses collaborateurs. C’est la pire erreur que puisse commettre un dirigeant. Il faut au contraire intégrer ses équipes à la discussion, se projeter avec elles sur les impacts potentiels, positifs comme négatifs, de l’Intelligence artificielle. » Rappelons à cet égard que si l’IA est capable de suggérer des solutions pertinentes, c’est le travail collaboratif entre l’être humain et la machine qui permet d’obtenir les meilleurs résultats et que c’est à l’être humain que revient la charge de prendre la décision finale.

ChatGPT, le faux ami

Si Tik Tok avait fédéré 100 millions d’utilisateurs neuf mois après son lancement, ChatGPT a battu tous les records, en atteignant ce chiffre au bout de deux mois seulement. Se présentant lui-même comme  « un modèle de langue artificielle conçu pour comprendre et générer du texte en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique », le petit robot conversationnel développé par OpenAI, co-création, en 2015, de l’incontournable Elon MUSK, est LE phénomène numérique de ces dernières années. Reste que derrière ce formidable succès populaire, se dévoilent de nombreuses failles, symptomatiques de la plupart des outils IA de ce type. « ChatGPT a intégré un nombre de données colossal, mais sa réflexion se base avant tout sur des probabilités, explique Léo AUBOUIN. Son utilisation génère beaucoup d’erreurs. Elle n’est intéressante et utile que si l’usager lui-même sait poser les bonnes questions et le nourrir d’informations fiables. » Dont acte…

4%

…Soit la part actuelle d’émissions de gaz à effet de serre imputable au numérique à l’échelle planétaire. Avec le développement de l’intelligence artificielle, cette proportion pourrait rapidement atteindre les 15%. Et même 25% d’ici 2050 selon les scénarios les plus pessimistes. L’impact environnemental de cette utilisation surabondante constituera de fait un enjeu majeur dans les décennies à venir. »

Faut-il avoir peur de l’avenir ?

Conférencier, écrivain et serial entrepreneur de renommée internationale, le Français John RAUSCHER est un expert reconnu de l’intelligence artificielle et de son impact sur l’entreprise. Pour lui, pas de doute : jamais aucun robot, aucun ordinateur, aucune machine ne pourra remplacer ni le caractère essentiel des relations humaines, ni l’expertise de l’homme, ni son pouvoir de décision finale. « Les technologies d’intelligence artificielle disponibles aujourd’hui, dites « ANI », pour « Artificial Narrow Intelligence », ne possèdent ni bon sens, ni créativité, ni empathie, assume-t-il. Elles sont de fait incapables de se substituer à un professionnel expert dans l’exercice de sa mission. Leur grande force, en revanche, est de pouvoir les aider à être beaucoup plus efficaces. » Une autre catégorie d’IA, l’« AGI », pour « Artificial General Intelligence », pourrait, pourquoi pas, changer la donne, en devenant, comme notre cerveau, pluridisciplinaire. Un bouleversement pas attendu avant la deuxième moitié du siècle.

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